PATCHWORK

Lors du terrible tremblement de terre qui secoua la province du Sichuan en mai 2008, beaucoup de journalistes et d’observateurs étrangers s’intéressèrent à la mobilisation sans précédent des classes moyennes chinoises en faveur des victimes. Selon certains, les nombreuses donations réalisées à travers tout le pays sont la preuve qu’une classe moyenne existe bel et bien en Chine et qu’elle a suffisamment de ressources pour se permettre de faire ces dons. Les mouvements de bénévoles apparus très vite après la diffusion des premières informations sur la catastrophe témoigneraient d’un désir d’action et d’engagement caractéristique de cette nouvelle couche sociale. En réalité, ces propos méritent d’être nuancés car l’aspect exceptionnel de l’évènement tend à brouiller les cartes et les classes moyennes ne sont certainement pas les seules à s’être senties concernées. Ces observations touchent néanmoins à des questions intéressantes auxquelles ce rapport s’efforcera de répondre. Effectuant un stage dans le Sichuan peu de temps après le séisme, j’eus l’occasion d’approcher les lieux de l’épicentre en compagnie de chinois d’origines sociales assez diverses et d’aborder le thème des classes moyennes lors de conversations avec des intellectuels et des artistes liés au milieu universitaire de la région. C’est en partie de cette expérience que m’est venue l’idée de cette étude. L’orientation des réflexions qu’il contient est celle d’un amoureux de la Chine qui tente, non sans certaines difficultés et avec les contradictions auxquelles il est toujours difficile d’échapper, de dresser un portrait le plus juste possible d’une partie de la population de ce pays qui lui a souvent rendu service lorsqu’il s’y trouvait.